Pour communiquer, les dauphins utilisent des notes, des cliquetis, des chants et sifflements mais aussi leur sens tactile et leurs positions corporelles dans l’eau (pour les dauphins marins).
L'attitude du corps scientifique reste encore extrêmement réservée quant à l'existence éventuelle d'un langage chez les cétacés. On s'en doute, le fait de reconnaître une compétence cognitive aussi pointue chez un animal non-humain s'avère quelque peu douloureux pour nos certitudes anthropocentristes. L'ultime rempart entre l'animalité et l'humain se réfugie en effet dans cette capacité prétendument unique – si l'on en croit Noam Chomsky et la plupart des linguistes- que nous aurions d'émettre des sons vocalisés articulés en chaînes, porteurs de sens, et s'organisant selon une grammaire propre.
Force est d'admettre, par ailleurs, que tout animal communique avec ses semblables. On sait que les bonobos font grand usage d'une gestuelle subtile, on sait que les éléphants se servent d'infrasons – parfois transmis par le sol et recueillis avec la trompe - pour échanger des informations à des distances énormes, on sait que singes verts, mangoustes, perroquets ou corbeaux font usage de « cris codés » pour désigner des choses ou des animaux («un aigle n'est pas annoncé de la même manière qu'un serpent) etc.
Mais à cela, bien sûr, les tenants du monopole humain répondront qu'il ne s'agit que d'échanges simples, portant sur des émotions brutes ou des désirs immédiats, trahissant la colère ou manifestant quelque stratégie sociale, mais qu'en aucun cas, il ne s'agit de "vrai langage" puisque cet outil ne peut servir à conserver la mémoire du passé, à désigner des choses absentes ni à évoquer le futur.
A vrai dire, aucune étude scientifique ne nous permet d'affirmer ou d'infirmer cette assertion. Pour ce qui est des éléphants, par exemple, nous savons qu'ils sont dotés de cultures diverses qui se transmettent par l'enseignement, mais nous ignorons encore de quelle manière précise ces informations sont transmises et si le «parler par infrasons » pratiqué par ces pachydermes comprend des mots, des vocables ou de la syntaxe.
En revanche, et c'est ce que nous allons étudier tout au long des pages qui suivent, une quantité sans cesse croissante de recherches menées tant en laboratoire que sur le terrain, nous amène aujourd'hui à une conclusion qui semble inexorable en termes scientifiques :
Oui, les grands cétacés disposent d'un système de vocalisation à ce point sophistiqué qu'il peut, sans doute aucun, être appelé un «langage » au sens humain du terme.
